Cluster Protection RDC : Points saillants de protection - Mars 2025

La République Démocratique du Congo (RDC) continue de faire face à une crise humanitaire sans précédent, notamment dans les provinces de l’Est du pays.

Après l’escalade du conflit armé au Nord et Sud Kivu en début de l’année 2025, plusieurs initiatives au niveau politique et diplomatique ont été menées afin de trouver des solutions face à l’escalade de violence. Ainsi, le 18 mars 2025, les Présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda se sont rencontrés à Doha, à l’initiative de l’Émir du Qatar. Les deux Chefs d'État y ont réaffirmé leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Parallèlement, un dialogue interne sous l’égide de l’Eglise catholique et l’Eglise protestante (ECC) a été également mené après des consultations préalables avec les différentes parties prenantes. En outre, suite à la volonté du Président de la RDC de constituer un gouvernement d’union nationale, des consultations avec les acteurs politiques et la société civile ont débuté au cours de la dernière semaine de mars 2025.

 

Dans la province du Nord Kivu, des affrontements armés se sont poursuivis et ont abouti à la prise momentanée de Walikale-Centre par le M23 et entrainé d’importants mouvements de populations. De même, le territoire de Lubero, outre l’insécurité exacerbée par les incursions des présumés ADF, a connu de nouveaux affrontements ont eu lieu entre l’armée congolaise et des combattants du M23 dans les localités du sud-ouest de la commune de Lubero. Les retours "contraints" de personnes déplacées internes (PDIs) se poursuivent en dépit de l’insécurité qui persiste dans certaines zones en proie aux incursions des groupes armés.

 

Au Sud Kivu, des affrontements se sont poursuivis sur plusieurs lignes de front avec une détérioration continue du contexte de protection essentiellement à Bukavu, Uvira, Kalehe et Fizi.

 

La province de l’Ituri a également connu une détérioration de la situation sécuritaire et de protection notamment dans le territoire de Djugu ; détérioration qui s’est intensifiée en mars, avec des violences perpétrées par des groupes armés ciblant des civils ainsi que des infrastructures sociales de base, en particulier dans les zones de santé de Fataki, Linga, Drodro, Nizi et Tchomia.

Dans la première semaine de mars 2025, il a été annoncé la création d'une nouvelle plateforme de groupes armés (Convention pour la Révolution Populaire_CRP), sous la Direction de Thomas Lubanga (ancien condamné de la Cour Pénale Internationale). La même période a coïncidé avec un renforcement de la présence de l’armée ougandaise (Uganda People Defense Forces_UPDF) dans la province de l’Ituri. Alors qu’une forte présence avait été notée dans la ville de Bunia autour du 15 mars, des renforts de l'UPDF en provenance de Mahagi ont été rapportés le 17 mars 2025. Ces éléments UPDF ont été déployés dans le territoire de Djugu et ont déclenché des affrontements avec le groupe armé CODECO entrainant des déplacements des populations vers les sites de PDIs de Djaiba, Plaine Savon et dans les environs. De même, il a été constaté le renforcement des tensions intercommunautaires, les membres de certaines communautés notamment Hema ayant salué ce déploiement au moment où certains membres de la communauté Lendu (perçue comme proche du groupe CODECO) exprimaient des inquiétudes.

 

Les provinces du Tanganyika, Kasaï et Kasaï Central sont respectivement affectées par l’activisme de groupes armés présumés auteurs d’homicides, arrestations, tortures, intimidations des populations civiles, enlèvements d’acteurs humanitaires (Tanganyika), actes criminels impliquant souvent des éléments des FARDC (Kasaï), de tensions intra-communautaires (Kasaï Central), pendant que les affrontements entre les miliciens Mobondo et les FARDC se poursuivent dans la province de Maï-Ndombe.